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COVID-19 et anxiété des enfants

La professeure Geneviève Piché, du Département de psychoéducation et de psychologie, au Campus de Saint-Jérôme.

Fermeture des écoles, routine chambardée, confinement obligé : en plus de causer du stress aux parents, la pandémie de COVID-19 veut aussi dire anxiété pour bien des enfants.

Geneviève Piché, professeure au Département de psychoéducation et psychologie au campus de Saint-Jérôme, s’intéresse entre autres aux troubles anxieux et dépressifs chez les enfants, les adolescents et les parents.

La professeur Piché a été interviewée par le quotidien Le Droit pour un article intitulé Gérer l'anxiété chez les enfants durant la crise actuelle qui a été publié dans l’édition du samedi 11 avril 2020.

Lire l’article du Droit

La professeure Piché a fondé, en 2019, le Laboratoire de recherche et d’actions pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale et leur proches (LaPProche) avec sa collègue professeure, Aude Villatte. Ce laboratoire est voué à la recherche fondamentale et appliquée à propos des enjeux familiaux associés aux troubles mentaux.

Aude Villatte et Geneviève Piché viennent de réaliser un dépliant spécifique pour les parents ayant des problèmes d'anxiété et de dépression et qui vivent davantage de détresse face à la COVID-19 et l'isolement, qui sera diffusé sous peu. Les professeures proposent aussi des services de soutien téléphonique aux jeunes et aux parents vulnérables, pendant cette période difficile.

Dépliant pour les familles et la COVID-19 Site web LaPProchePage Facebook LaPProche

En cette période de confinement, où plusieurs parents sont à la maison avec leurs enfants, la professeure Piché offre des conseils importants.

SUR LES PLANS PHYSIQUE, PSYCHOLOGIQUE ET ÉMOTIONNEL

D’emblée, elle explique que les réactions de stress, d’anxiété et de déprime peuvent se manifester de plusieurs manières chez un enfant, et ce, sur divers plans (physique, psychologique, émotionnel, comportemental).

Physiquement, Geneviève Piché explique que l’enfant pourrait se plaindre de maux de ventre, maux de tête. Il pourrait avoir plus de difficultés à s’endormir (sieste ou soir) ou dormir plus longtemps qu’à l’habitude, pourrait moins ou plus manger (moins d’appétit).

L’enfant pourrait aussi être plus excité qu’à l’habitude. À l’inverse, il pourrait aussi paraitre plus endormi que d’habitude, plus calme ou réservé.

« Sur les plans psychologique et émotionnel, l’enfant pourrait parler souvent du virus, de ses peurs, ses craintes par rapport au virus. Il pourrait aussi dire qu’il est ‘tanné’, ‘fatigué’ d’être toujours pris à la maison », souligne Geneviève Piché.

SUR LE PLAN COMPORTEMENTAL

Quant à son comportement, l’enfant pourrait avoir davantage de difficultés à se concentrer, à faire ses devoirs ou lectures, par exemple. Il pourrait plus facilement se mettre en colère, faire plus de crises, ou pleurer plus souvent.

« Le meilleur signe, en fait, est si l’on voit que notre enfant est différent que d’habitude. Est-ce que son comportement a changé? Est-ce que ses habitudes de sommeil ou d’alimentation ont changé? Etc. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’enfant ne nous le dira pas nécessairement s’il est stressé ou anxieux. »

QUOI RÉPONDRE LORSQUE LES ENFANTS S’INQUIÈTENT

Il est important que le parent rappelle à son enfant que c’est tout à fait normal de ressentir de la peur, des craintes, de la tristesse, ou autre émotion, explique la professeure Piché.

Ne pas avoir peur de lui partager nos propres émotions également, non plus. « L’enfant est une petite éponge, il peut déjà ressentir nos émotions, à travers nos expressions faciales, nos comportements différents de d’habitude. Cela le rassurera que l’on lui partage nos émotions, nos préoccupations, mais aussi ce que l’on fait, comme parent, pour se sentir bien ou mieux, comme écouter de la musique, ou faire du sport. »

C’est important d’informer les enfants de la situation, sans être trop optimistes ou trop pessimistes, note aussi la professeure. Il faut, bien sûr, adapter nos réponses au niveau de maturité des enfants. Avec les enfants, on peut utiliser des images, des métaphores, une histoire.

En ce qui concerne les adolescents qui ne semblent pas prendre la question au sérieux ou qui s’abreuvent à des sources peu fiables, on peut en discuter avec eux plutôt qu’essayer de leur imposer des décisions. Ce sera une occasion de développer leur esprit critique.

RASSURER, RELATIVISER 

Les enfants, peu importe leur âge, doivent être rassurés et comprendre ce qui se passe. Le partage adéquat d’informations avec l’enfant permet ainsi à celui-ci de mieux comprendre les raisons exactes qui justifient l’isolement et les « drôles de comportements » que nous avons depuis trois semaines. Aider son enfant à mieux comprendre le problème va rassurer l’enfant, le problème sera perçu comme beaucoup moins « épeurant » ou « inquiétant » et celui-ci se sentira plus en confiance et en sécurité.

S’ASSURER QUE L'ANXIÉTÉ NE PRENNE PAS TROP DE PLACE CHEZ L’ENFANT

Une des façons est de limiter leur exposition aux nouvelles. Tout comme les adultes, les enfants ont aussi besoin d’une pause des actualités. Un autre moyen est de redonner un sentiment de contrôle à l’enfant et de mettre l’emphase sur l’aide que chacun peut apporter.

Un parent peut également discuter avec ses enfants des aspects positifs de la situation.  «Par exemple, cela nous donne beaucoup de temps pour jouer ensemble, partager de bons moments en famille, pour faire des activités que nous n’avons jamais le temps de faire. Prenez le temps de leur demander leur opinion ! »

ENFIN, GENEVIÈVE PICHÉ RAPPELLE AUSSI LES CONSEILS SUIVANTS :

  • Maintenir de bonnes habitudes de vie (heures de sommeil suffisantes, bien manger, routines stables et prévisibles)
  • Bouger (ex., jouer dehors, promener le chien)
  • Se changer les idées (ex., écouter de la musique, danser, dessiner, lire)
  • Socialiser (ex., appeler ses amis, ses grands-parents)
  • Proposer des trucs pour se calmer (ex., respirer par le ventre).

« Par exemple, suggérez à l’enfant de s’arrêter et de prendre le temps de respirer calmement et profondément en fermant ses yeux (gonfler le ventre en inspirant 5 secondes et entrer le ventre en expirant 5 secondes, par exemple). Aussi, vous pouvez proposer à l’enfant de se distraire en trouvant autour de lui : a) 5 choses qu’il peut voir; b) 4 choses qu’il peut toucher; c) 3 choses qu’il peut entendre; d) 2 choses qu’il peut sentir; e) 1 chose qu’il peut goûter ».

Source :
Service des communications
UQO, 15 avril 2020

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