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Quand les observations de chasseurs autochtones permettent de mieux comprendre l’écologie du caribou arctique

Crédit : Peter Mather

Une biologiste de l’UQAR vient de publier, dans la revue Journal of Applied Ecology, les résultats d’une recherche qui montrent qu’un troupeau de caribous migrateurs de l’Arctique est en bonne santé malgré les changements climatiques pourtant très prononcés dans cette partie du globe. Menée par Catherine A. Gagnon, qui est titulaire d’un doctorat en sciences de l’environnement, cette recherche se démarque par son approche mariant les observations de chasseurs autochtones et les données scientifiques.

Le caribou est une espèce essentielle à l’économie de subsistance des communautés nordiques. Or, cette espèce est particulièrement sensible aux changements climatiques qui opèrent dans l’Arctique. « Il est bien connu que le climat et la météo affectent la condition physique des caribous et la démographie de leurs populations.  Or, les données scientifiques sur la condition physique des troupeaux de caribous migrateurs sont très fragmentées, sinon inexistantes. C’est pour cette raison que les observations des chasseurs autochtones, qui ont un contact étroit et régulier avec le caribou, recèlent un grand potentiel pour mieux comprendre l’écologie de cette espèce », indique Mme Gagnon. 

La biologiste de l’UQAR et ses collègues ont réalisé leur recherche en s’appuyant sur les observations de chasseurs sur le troupeau de caribous de la rivière Porcupine recueillies des années 2000 à 2010 grâce à un programme de surveillance environnementale communautaire autochtone. Ce troupeau a une aire de répartition qui s’étend des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon à l’Alaska. Il s’agit d’ailleurs du plus grand troupeau de caribous migrateurs nord-américains et le seul dont la population n’a pas décliné depuis le début des années 2000.

La recherche menée par Catherine A. Gagnon montre que la condition physique des caribous s’est améliorée durant la décennie 2000-2010, et ce, malgré une augmentation constante de la taille du troupeau. « Nos analyses indiquent que l’amélioration des conditions nivales et des températures printanières, de 2000 à 2010, aurait contribué à l’augmentation du troupeau observée durant cette période. Ainsi, une grande population de caribous peut croître et avoir des individus en bonne condition physique malgré un contexte de changements climatiques et de déclin des troupeaux. Ces résultats suggèrent d’éviter les généralisations quant à l’influence du climat sur les populations de caribous. Ils démontrent aussi que les connaissances autochtones peuvent contribuer à une meilleure compréhension de l’écologie du caribou. Selon moi, scientifiques et communautés autochtones devraient travailler davantage ensemble pour l’avenir du caribou », explique la chercheuse de l’UQAR.

Intitulé « Merging indigenous knowledge and scientific knowledge links climate with the growth of a large migratory caribou population », l’article de Mme Gagnon est publié dans le numéro spécial Informing decision-making with indigenous and local knowledge and science de la revue Journal of Applied Ecology. Il est cosigné par Sandra Hamel (Arctic University of Norway et Université Laval), Don E. Russell (Yukon College), Todd Powell (Gouvernement du Yukon), James Andre (Arctic Borderlands Ecological Knowledge Society), Michael Y. Svoboda (Environment and Climate Change Canada) et Dominique Berteaux (Université du Québec à Rimouski).

Source :
Service des communications
UQAR, 26 février 2020

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