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Un nouveau chapitre dans la recherche nordique sur la Côte-Nord

(Crédit : Striking Balance)

Située au cœur du Nitassinan de Pessamit, la Station Uapishka offre un accès privilégié à la partie est du Nord québécois. Encore peu exploré, ce territoire présente un grand potentiel de recherche pour mieux comprendre, entre autres, l’impact des changements climatiques et des activités humaines sur la faune et l’environnement nordique de même que la dynamique forestière en milieu boréal. Affiliée à l’Université du Québec à Rimouski, la Station Uapishka est dotée d’infrastructures qui permettront d’ouvrir un nouveau chapitre dans la recherche nordique.

Créée par le Conseil des Innus de Pessamit et la Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka (RMBMU), la Station Uapishka est basée au pied des monts Groulx (Uapishka), au bord du réservoir Manicouagan. « La Station Uapishka est située à un endroit stratégique pour réaliser des recherches sur des enjeux clés pour le Québec. Depuis quelques années, le Nord se développe à vitesse grand V. La recherche scientifique est essentielle pour éclairer les décideurs afin que ce développement soit réalisé dans une perspective durable et en concertation avec les différentes communautés qui y vivent », indique le vice-recteur à la formation et à la recherche, François Deschênes.

Au printemps dernier, l’UQAR a signé une entente de partenariat avec la Station Uapishka et l’Institut nordique du Québec (INQ) permettant aux chercheuses et aux chercheurs de l’Université d’avoir accès aux infrastructures de la station de recherche, la seule en activité sur la Côte-Nord. « Les connaissances sur la faune, la flore et l’impact des activités récréatives et touristiques sur le milieu naturel sont incomplètes pour la partie est du territoire. Cette entente représente ainsi un jalon important pour donner une impulsion à la recherche. Elle favorisera également un meilleur partage des connaissances scientifiques et du savoir traditionnel », observe Jean-Philippe L. Messier, directeur général de la RMBMU.

Sur le plan logistique, la Station Uapishka n’a rien à envier aux autres centres de recherche circumpolaires dans le monde. Située au-dessus du 51e parallèle, elle peut accueillir en toute saison une vingtaine de personnes dans son bâtiment principal et une vingtaine d’autres dans ses installations connexes. Disposant de l’Internet sans fil dans chacun de ses bâtiments, la Station Uapishka est également pourvue d’un héliport. « À partir de la station, les chercheuses et les chercheurs ont un accès direct à trois grandes aires protégées, soit les réserves de biodiversité Uapishka, de la Météorite et la réserve écologique Louis-Babel, ainsi qu’à l’ouest du réservoir, à la grande aire protégée des Caribous-Forestiers-de-Manouane-Manicouagan. Ces territoires sont des laboratoires à ciel ouvert très intéressants pour étudier la biologie, l’écologie forestière et l’écologie alpine », note M. Messier.

Selon le chef de Pessamit et le président de la Station Uapishka, René Simon, la station a tous les atouts pour devenir un centre de recherche incontournable au Québec. « La Station Uapishka symbolise une occupation contemporaine du territoire par la Nation Innue. Les chercheuses et les chercheurs qui vont y venir profiteront d’infrastructures de pointe dans un environnement incomparable, contribueront à développer les compétences des Innus de Pessamit qui y travaillent et auront l’opportunité d’intégrer le savoir traditionnel dans leurs travaux de recherche. »

Un territoire au cœur d’enjeux nordiques

Le territoire environnant la Station Uapishka est propice à l’étude de l’impact des changements climatiques. La faune environnante de la Station Uapishka est d’ailleurs riche en biodiversité. On y retrouve près de 300 espèces d’oiseaux, 25 espèces de poissons, 45 espèces de mammifères et une quinzaine d’espèces d’amphibiens et de reptiles. On y retrouve d’ailleurs le caribou forestier (Rangifer tarandus caribou), espèce désignée vulnérable en 2005 par le gouvernement du Québec, et espèce culturellement significative pour les Innus.

Si la programmation de recherche des équipes de l’UQAR reste encore à peaufiner, certaines questions se posent déjà aux scientifiques. L’impact des variations de température sur le métabolisme énergétique, la santé et la tolérance au stress des espèces nordiques figure parmi celles-ci. Des études comparatives permettraient de mieux comprendre les contraintes évolutives des espèces vivant en zones froides et celles des espèces de zones tempérées ou chaudes.

L’influence des variations environnementales induites par les changements climatiques sur la dynamique des écosystèmes forestiers à l’est de Saguenay est un autre thème de recherche majeur. Par ailleurs, l’étude des arbres engloutis dans des lacs de la partie nord-est de la forêt boréale permettrait de reconstituer la productivité des forêts et l’histoire du climat grâce à la dendrochronologie, qui consiste à analyser les cernes annuels de croissance des arbres.

L’un des plus grands cratères visibles sur Terre, l’astroblème de Manicouagan, se trouve à proximité de la Station Uapishka. Un sujet d’intérêt pour les géologues. Il y a plus de 200 millions d’années qu’un météore de 8 kilomètres de diamètre a heurté la Côte-Nord, à environ 240 km au nord de la ville de Baie-Comeau. La mise en exploitation du barrage Daniel-Johnson, en 1968, a causé l’inondation du cratère, dont le diamètre est de près de 100 km, et a fait de l’astroblème de Manicouagan l’un des plus grands réservoirs hydroélectriques au monde.

L’entente entre l’UQAR, l’Institut nordique du Québec et la Station Uapishka vise, enfin, à rendre accessible la station aux chercheuses et aux chercheurs en nordicité issus d’autres universités québécoises. « Plusieurs autres sujets pourraient être abordés dans le cadre de recherches. Qu’il s’agisse de l’histoire de l’occupation autochtone et du développement du territoire, de la dispensation des soins de santé aux populations nordiques, de l’alimentation énergétique en milieu éloigné, de l’acceptabilité sociale entourant les projets d’exploitation des ressources naturelles, des enjeux de la gouvernance du Nord ou de la gestion des écosystèmes nordiques, les thèmes de recherche sont nombreux et les infrastructures de la Station Uapishka faciliteront le travail de terrain des chercheuses et des chercheurs », conclut le vice-recteur à la formation et à la recherche de l’UQAR.

Source :
Service des communications
UQAR, 4 février 2020

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