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Des chercheurs participent à l’élaboration d’une carte globale de l’activité des petits prédateurs marins

Dans une nouvelle étude publiée le 26 octobre, une équipe internationale de scientifiques, dont des chercheurs de l’UQAC dirigés par le professeur Mathieu Cusson, a esquissé la première « BiteMap » mondiale qui montre où les petits prédateurs marins sont les plus actifs. C’est en les pêchant avec des appâts de calmar séchés appelés « squid pops » qu’ils ont découvert que la hausse des températures peut façonner des communautés entières de prédateurs, avec des impacts potentiels dans tout le réseau trophique.

Les biologistes suivent l’activité des prédateurs sous l’eau et découvrent que la température change la dynamique des communautés biologiques. Où les petits animaux sont-ils les plus susceptibles de se faire manger ? Si cette question semble banale, la réponse peut avoir de lourdes conséquences pour les écosystèmes côtiers dont la santé a d’énormes conséquences pour les pêcheries mondiales. Les petits prédateurs peuvent y changer radicalement les communautés sous-marines.

« Nous savons que les communautés du monde entier évoluent avec le réchauffement climatique », a déclaré Emmett Duffy, coauteur du travail et directeur du programme Marine Global Earth Observatory de la Smithsonian Institution. Mais alors que les températures plus chaudes augmentent généralement les activités animales telles que l’alimentation, les chercheurs commencent tout juste à comprendre ce que ces changements signifient pour les écosystèmes marins dans leur ensemble. La nouvelle étude, publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, faisait partie d’un projet dirigé par le Marine Global Earth Observatory (MarineGEO) qui rassemble des chercheurs partenaires du monde entier pour comprendre le rôle des écosystèmes côtiers marins à l’échelle mondiale. Le laboratoire d’écologie marine de l’UQAC dirigé par le Prof Mathieu Cusson y a participé en étudiant les écosystèmes de l’estuaire maritime du Saint-Laurent. « Nos sites présentent des températures moyennes très basses pour leur latitude. Ainsi, nos collaborations avec les études dites macroécologiques sont fortement prisées. » Pour cartographier les appétits des prédateurs côtiers, les scientifiques ont attiré les poissons et les crabes avec des friandises faites à la main appelée « squid pops », une méthode standardisée composée d’un morceau de viande de calmar séché attaché à un bâton. Au total, la carte générée couvre 42 sites sous-marins répartis sur cinq continents.

Cependant, les résultats n’ont pas été ceux prévus ! L’équipe pensait voir l’activité de prédateur la plus élevée près de l’équateur, où les températures chaudes augmentent l’activité des organismes et où on prévoyait que les prédateurs avaient besoin de plus de nourriture pour maintenir leur niveau d’énergie. Les auteurs ont en effet observé une activité moindre près des pôles, mais qui culmine dans les régions subtropicales et non à l’équateur. Les auteurs expliquent ces anomalies par une modification dans la composition des espèces. Autrement dit, les eaux chaudes augmentent l’activité des petits prédateurs, mais aussi change la biodiversité.

« Nos résultats ont été une grande surprise pour moi », a déclaré l’auteur principal Matt Whalen. Lui comme ses collègues s’attendait à ce que des facteurs environnementaux, tels que la température, soient la clé de l’explication de leurs résultats. « Nous savons que les espèces de poissons et les réseaux trophiques dans lesquels ils sont intégrés changent beaucoup à mesure que vous vous déplacez d’un endroit à l’autre à travers les océans du monde, mais nous ne nous attendions pas à voir un signal aussi fort des types spécifiques de poisson. » En fait, l’analyse des données a montré que la température avait une plus forte influence sur les animaux présents sur chaque site que sur la quantité qu’ils mangeaient.

Pour mieux comprendre les effets des changements climatiques qu’auront sur la productivité de nos côtes marines, il y a donc lieu de s’attarder sur la biodiversité et les interactions entres les espèces qui s’y trouvent, conclut Mathieu Cusson.

Source :
Service des communications
UQAC, 26 octobre 2020

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