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Protection des bélugas : un moratoire recommandé sur les projets de développement sur le Saguenay

Grâce à un financement du gouvernement du Québec pour un projet de simulateur des interactions entre navigation et bélugas, des chercheurs de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) constatent l’importance insoupçonnée du fjord pour les bélugas et recommandent un moratoire sur l’augmentation du trafic maritime dans le Saguenay.

« Le béluga du Saint-Laurent est une espèce emblématique du Québec et se trouve malheureusement en voie de disparition. Son importance patrimoniale, écologique, et même économique appelle à une grande prudence sur l’autorisation de projets pouvant affecter sa survie », estime Jérôme Dupras, co-chercheur du projet et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’UQO.

Les résultats de la première année de ce projet de recherche de cinq ans sur les interactions entre navigation et bélugas sont inquiétants: au moins 50 % des animaux et 67 % des femelles fréquentent le fjord du Saguenay. Cette découverte est déterminante: en tenant compte des caractéristiques sociales complexes des bélugas, les niveaux d’exposition au bruit des navires prédits par le simulateur peuvent être trois fois plus élevés qu’en les ignorant. Pour le moment, le Saguenay constitue un refuge acoustique naturel. 

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Il est impératif de prendre le temps de mener une évaluation adéquate et complète de l’exposition des baleines à la navigation grâce au simulateur mis au point par les experts avant d’autoriser de nouveaux projets augmentant le trafic maritime. La suite du projet devrait permettre d’évaluer l’efficacité des différentes approches possibles pour atténuer ces impacts pour 2023. 

« Nos résultats remettent en question la validité des études d’impact acoustique réalisées à ce jour pour le béluga. Avec l’engagement de tous les acteurs des secteurs public et privé, notre simulateur sur lequel je travaille depuis 15 ans permettra de concilier la navigation avec la présence des baleines. D’ici là, on ne doit pas précipiter des décisions qui pourraient avoir des effets écologiques dommageables et irréversibles », recommande Clément Chion, directeur du Laboratoire interdisciplinaire de simulation socio-écologique de l’UQO et directeur du programme.

« C’est une percée majeure. Tout ce que nous avons appris sur les bélugas depuis 35 ans a nourri ce modèle de simulation. On doit mieux comprendre l’impact de cette augmentation, mais surtout comment en atténuer ou compenser ses effets pour assurer la survie des bélugas du Saint-Laurent », prévient Robert Michaud, directeur scientifique du GREMM. 

Le financement octroyé en 2018 par le ministère de la Faune, de la Forêt et des Parcs du Québec permet de développer un simulateur pour prédire l’exposition des bélugas au bruit et à la navigation. Il permet aussi d’évaluer les impacts de l’augmentation du trafic maritime et de plaisance dans le Saguenay et le Saint-Laurent ainsi que les meilleures avenues pour diminuer le bruit sous-marin. 

Les chercheurs continueront le travail avec le gouvernement ainsi qu’avec les acteurs de l’industrie maritime et de la conservation pour évaluer l’efficacité des différentes approches possibles en vue d’atténuer les impacts de la navigation sur la population de bélugas. Il est encore temps de bien faire les choses et de trouver ensemble des solutions pour réduire l’impact du transport marchand sur le béluga et les autres baleines du Saint-Laurent.

Éléments de contexte
  • Le gouvernement du Québec a octroyé en 2018 une somme de 2,09 M de $ pour la création d’un programme scientifique permettant le développement d’un outil d’aide à la décision (simulateur) visant à mieux protéger le béluga du Saint-Laurent dans un contexte de développement des activités maritimes.
  • Le béluga du Saint-Laurent est en voie de disparition et subit un déclin depuis le début des années 2000 ainsi qu’une hausse sans précédent de la mortalité de femelles en âge de se reproduire et de nouveau-nés depuis 2010.
  • Le bruit sous-marin fait partie des trois menaces principales au rétablissement du béluga du Saint-Laurent. Un plan d’action pour réduire la pollution sonore dans l’habitat estival du béluga du Saint-Laurent a été adopté en 2020, en vertu de la Loi sur les espèces en péril au Canada.
  • Une autre étude majeure menée par Pêches et Océans Canada est en cours pour mieux évaluer les effets du bruit sous-marin sur les bélugas du Saint-Laurent et ses résultats devraient paraître en 2022. 

Source :
Service des communications
UQO, 2 septembre 2020

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