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Régénération naturelle, un plus pour le climat

Potentiel de séquestration du carbone des jeunes forêts en régénération selon les régions du monde. Le vert foncé indique le potentiel le plus élevé. Image : The Nature Conservancy

Laisser les friches et les forêts se régénérer d’elles-mêmes devrait faire partie des mesures mises en place pour contrer le réchauffement climatique. C’est ce que révèle la méta-analyse «Mapping potential carbon capture from global natural forest regrowth», publiée le 23 septembre dans la revue Nature.

Menée par des scientifiques de l’organisme The Nature Conservancy, en collaboration avec le World Resources Institute et 18 autres partenaires, cette méta-analyse synthétise les résultats de 256 études. «Pour la première fois, nous proposons une cartographie à l’échelle de la planète, au kilomètre près, qui met en relief le potentiel de captation et de séquestration du dioxyde de carbone (CO2) des forêts qu’on a laissées repousser naturellement depuis 30 ans», explique le professeur du Département des sciences biologiques Alain Paquette, qui figure parmi les coauteurs.

L’article souligne que ce potentiel varie énormément d’un endroit à l’autre sur la planète – jusqu’à 100 fois – selon le climat, le sol et la topographie du lieu. Il indique également que les chiffres utilisés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sous-estiment d’environ 30 % la capacité de régénération des forêts. «Arrêter de perturber les écosystèmes pour laisser les friches repousser naturellement est un outil au potentiel encore plus élevé que ce que l’on croyait, affirme Alain Paquette, qui est également chercheur au Centre d’étude de la forêt (CEF). Or, la cartographie permet de cibler les forêts "les plus efficaces" pour capter et séquestrer le CO2 sans intervention humaine.»

Cette méta-analyse offre des données fiables aux décideurs publics afin de les aider à orienter leurs politiques en matière de lutte aux changements climatiques. «Laisser repousser une forêt naturellement est l’avenue de régénération la moins coûteuse, précise Alain Paquette. Et souvent, cette avenue est tout aussi efficace, voire plus, qu’une intervention plus coûteuse et invasive comme la plantation.»

Et planter des arbres ?

Est-ce à dire qu’il ne sert à rien de planter des arbres pour atténuer le réchauffement climatique? «Cela sert surtout à nous donner bonne conscience, estime Alain Paquette. Planter un arbre – ou deux milliards d’ici 2030, comme l’a promis Justin Trudeau lors de sa dernière campagne électorale – semble plus proactif que de simplement arrêter d’en couper, ce qui est pourtant la première chose que l’on devrait faire!» 

Les chercheurs reconnaissent toutefois qu’il n’y a pas de solution unique au réchauffement climatique. La régénération naturelle des forêts devrait être considérée, écrivent-ils, comme une stratégie complémentaire au fait de planter des arbres, de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles et de réduire nos émissions polluantes. «En plus, cela permet aux espèces indigènes, mieux adaptées aux conditions locales, de croître à nouveau, et ce faisant, on préserve de nombreux habitats pour la faune sauvage», note Alain Paquette.

La plantation devrait être limitée aux sites qui se régénèrent mal ou pas du tout naturellement, précise le spécialiste. «On peut aussi envisager la plantation pour intervenir, via l’enrichissement en espèces, sur la composition de la forêt régénérée naturellement. Cela permet alors de rétablir et de maintenir des espèces qui se régénérèrent mal ou qui sont disparues localement, ou d’augmenter la diversité et de modifier la composition pour obtenir des forêts plus résilientes et adaptées aux conditions futures.»

Source :
Service des communications
UQAM, 23 septembre 2020

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